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Un espèce à part Chapitre 1L’infime et l’infini Depuis toujours, l’être humain sait qu’il tient une place spéciale dans l’univers. Centre du monde, joyau de l’évolution, il a levé les yeux vers le Ciel. Et puis, il s’est mis à explorer… L’Homme a découvert qu’il habitait une planète parmi d’autres dans le système solaire, un petit point bleu en rotation autour de son étoile… Une planète finalement de taille banale, orbitant autour d’une étoile plutôt blême, que les humains ont eux-mêmes classée comme une naine jaune. Une taille ridicule à côté des très nombreuses géantes et supergéantes… Prenez la grandiose Eta Carinais par exemple, une étoile un million de foisplus lumineuse que le Soleil… Ou bien la majestueuse Uy Scuti, 5 milliards de fois plus volumineuse… L’univers foisonne d’astres plus notables que le Soleil, étincelle anonyme au pied des hiérarchies stellaires… Pour mesurer les distances immenses entre ces étoiles, l’Homme a dû inventer une unité de longueur spéciale, celle parcourue pendant un an par une particule de lumière. 10 000 milliards de kilomètres. Une année lumière est donc à un kilomètre, ce qu’un kilomètre est à la taille… d’un virus. Et l’univers mesure 80 milliards d’années-lumière… Les étoiles sont incroyablement nombreuses. Une seule galaxie contient entre 100 et 400 milliards d’étoiles… Et les galaxies elles-mêmes sont innombrables. Ce que l’on voit actuellement, ce ne sont pas des étoiles, mais des milliers de galaxies. Pour l’ensemble de l’univers visible, cela représente au total 400 sextillions d’étoiles. Un nombre tellement important que l’être humain peine à le concevoir. Pourtant ce n’est pas si dur : il y a autant d’étoiles dans l’univers observable que de gouttes d’eau dans tous les océans de sa planète Terre, ou de grains de sable sur toutes ses plages et ses déserts. Mais cette immensité ne représente elle-même que l’univers observable, cette zone au-delà de laquelle les télescopes humains ne peuvent voir… une toute petite partie de l’univers réel. L’Homme habite la banlieue lointaine d’une galaxie anodine, perdue dans un univers si vaste qu’il ne peut même pasle concevoir dans son ensemble. Face à ces échelles astronomiques, ne serait-il pas… insignifiant ? Chapitre 2Vie unique Les humains habitent une planète à leur image : spéciale, unique, parfaite. La seule planète qui abritedes êtres vivants, la Terre, est une oasis de vie au milieu du grand désert cosmique… Mais est-elle vraiment si exceptionnelle ? L’Homme n’a en fait qu’une vision trèsfloue de l’univers dans lequel il évolue. À son échelle, ce domaine est tellement vaste et vide, qu’il l’a appelé, faute de mieux, « espace ». Loin d’être désert, cet espace regorge d’une multitude de planètes, aussi diverses que variées. Puisqu’il y a en moyenne une planète par étoile dans l’univers, il y a probablement plus de 100 milliards de planètes rien que dans la Voie Lactée, et autant dans chacune des centaines de milliards d’autres galaxies. Avec une telle profusion de planètes, comment la vie n’aurait-elle pu évoluer qu’une unique fois ? Même avec des probabilités d’apparition ridiculement faibles, l’univers pullule probablement de vie. D’autant que cet univers se transforme continuellement. Chaque jour, 275 millions d’étoiles, donc de planètes, naissent. Autant arrivent en fin de vie, et toutes sont en mouvement constant. L’Homme ne peut même pas identifier sa propre position, qui n’est pas fixe. À commencer par l’orbite de la Terre, fonçant autour de son Soleil à une vitesse de 100 000 km/h, et dont l’Humain n’a même pas conscience. Pas plus qu’il ne perçoit que son système solaire entier se propulse dans sa galaxie plus rapidement encore. Et pour finir, sa galaxie, comme toutes les autres, est elle-même en mouvement. Elle se rue vers la galaxie la plus proche, Andromède, à la vitesse de 720 000 km/h… L’Homme, si supérieur, semble bel et bien perdu dans un océan cosmique en perpétuel mouvement… Dans cet univers démesuré, affirmer qu’il n’y a pas de vie ne revient-ilpas à plonger un verre dans l’océan et conclure qu’il n’abrite pas de poissons ? Au final, les humains n’ont pas la moindre idée de leur place dans l’Univers. Sont-ils seuls… Ou simplement… insignifiants ? Chapitre 3Une seconde sur terre La Terre est le berceau de l’humanité. L’Homme y règne enmaître absolu, sans que rien ne semble en mesure de l’arrêter. Pourtant, la planète Terren’a pas attendu l’Homme pour commencer son histoire… Depuis que la vie y est apparue,la Terre a hébergé d’innombrables espèces, qui s’y sont succédées,pendant plus ou moins longtemps. Mais 99,9% des espèces qui ontvécu sur Terre ont aujourd’hui disparu. Certaines ont évoluéprogressivement en d’autres espèces. D’autres se sont éteintes brutalement. En moyenne, leur passage sur Terrene dure que quelques millions d’années. Si l’histoire de la Terre s’écrivaitdans un livre de mille pages… La vie y apparaîtrait vers la page 185. Cette vie ne serait représentéeque par des cellules simples pendant plus de 700 pages… Jusqu’à l’explosion d’espècesmulticellulaires, des pages 870 à 880. La sortie des eaux ne seraconterait qu’à la page 916. Au cours de cette constantetransformation, la planète a également subi cinq crises majeuresdont une, il y a 250 millions d’années, au cours de laquelle la viesur Terre a failli disparaître. Cette extinction de massea entraîné la disparition de 70% des espèces terrestreset 96% des espèces marines. La planète a mis près de10 millions d’années à s’en remettre et à reprendre l’inexorabledanse de l’évolution, avec ses disparitions, et ses nouveaux arrivants,comme cette fois-là les dinosaures… à la page 960 de l’histoire de la Terre. À la fin du livre, l’histoire entièred’Homo sapiens depuis son apparition jusqu’à aujourd’hui, ne feraitl’objet que d’une poignée de lignes, tout en bas de la toute dernière page. Sa présence sur Terrene représente donc que 0,004% de sa très longue Histoire. L’Homme n’existe pasdepuis bien longtemps, mais il n’est paspour autant plus évolué. Toutes les espèces sont au sommetde l’évolution, et toutes sont parfaitement adaptées à leur environnement naturel, du Bernacle, fermementancré sur sa Baleine… Jusqu’au minuscule Dik-Dik,d’apparence si fragile mais qui survit aux attaques répétéesdes aigles, pythons et lions depuis des temps immémoriaux… Rien n’indique que l’espècehumaine devrait être éternelle. Ni même qu’elle mettra pluslongtemps que les autres à disparaître… Le plus probable est que son passagesur Terre ne représente qu’un battement de cil à l’échelle de l’Histoire de sa planète. Une durée dérisoire. Presque… insignifiante ? Chapitre 4La feuille qui cache la forêt L’Homme est une espèce exceptionnelle,unique, au sommet de l’évolution. Mais a-t-il seulement une idéede ce que représente sa place dans l’ensemble de l’arbre du vivant ? L’Homme s’est lui-mêmeclassé parmi les mammifères. Un mammifère commele Gorille, l’Eléphant, la Musaraigne. Ou même la chauve-souris et l’orque… Il y a plus de 5000 espècesde mammifères, et 10 fois plus d’espèces de vertébrés,qui comprennent aussi les oiseaux, les reptiles, les amphibiens et les poissons. L’Homme ne représente alors qu’uneespèce de vertébré sur près de 70 000. Une seule feuilledans un bien grand arbre… Mais les vertébrés ne sont pasles plus nombreux sur Terre, loin de là. L’Homme a déjà identifié 5 foisplus de plantes, et 20 fois plus d’invertébrés. Rien que pour la famille des scarabées,on connaît plus de 300 000 espèces ! On estime qu’il y aurait sur Terre entre7 et 100 millions d’espèces différentes ! Mais les espèces vivantes,ce ne sont pas seulement les animaux, les plantes et les champignons ! Si l’on considère égalementles bactéries, les virus et tous les autresorganismes unicellulaires, l’équivalent de leurs espèces pourraitalors atteindre les 1000 milliards. Une multiplication pardes milliers du nombre d’arbres de vie. Si on prenait une espèceau hasard sur Terre, les chances de tomber surl’être humain seraient bien minuscules. Depuis ses origines unicellulaires,la vie s’est diversifiée en un nombre incroyable de branches,de genres et d’espèces, dont l’Homme commence seulementà entrevoir la diversité inouïe et qu’il ne pourra probablement jamaisrépertorier totalement. Et dans cette immense forêtse trouve une feuille, qui se pense centrale, alors qu’en toute objectivitéelle est pour le moins… insignifiante. Chapitre 5Dominations Même s’il n’est qu’une espèceperdue au milieu de la multitude du vivant, l’humain est sans aucun doutel’espèce dominante à la surface de sa planète. Mais par quels critèresse manifeste cette supériorité ? Malgré plus de7 milliards d’humains sur Terre, l’Homme n’est pasl’espèce la plus abondante, loin de là… Les Hommes sontpar exemple trois fois moins nombreux… Que les poules ! Même en comptant la massecumulée de tous ses individus, la biomasse, l’humaniténe pèse pas plus lourd… que les fourmis. Les humains ne sont pasnon plus les plus grands… … ni les plus forts… … ni ceux qui vivent le plus longtemps. Si certains requins ou tortuesvivent aisément plus de 200 ans… … les coraux et des épongesvivent plusieurs milliers d’années… Certaines espèces de médusessont même capable de rajeunir pour relancersans cesse le cycle de la vie. Sans accidents ou prédateurs,elles pourraient être immortelles… Et si on les compareaux autres espèces, les humains sontd’une fragilité déconcertante. Les étoiles de merpar exemple, peuvent faire repousser tout leur corps à partir d’un bras… Le Moloch hérissé peut tenirdes années sans boire autre chose que les rares gouttesqu’il récolte sur sa peau… Quant au Tardigrade,cette charmante petite bête fait passer l’humainpour une petite nature… Il résiste sans problèmeet pendant des années aux milieux intensément toxiqueset excessivement salés, aux températures de plusde 150°C ou de moins 270°C, à la suppression totale de nourriture,d’eau et d’oxygène, à des pressions de plusde 1000 fois la nôtre, aux rayonnements Xet même au vide de l’espace… Les humains ne supportentqu’une petite gamme de températures. Leur peau est très fine,leurs organes faillibles et leur physiologie chétive. On pourrait même se demandercomment cette espèce a survécu jusqu’ici… Au regard de son extrême fragilité,la supposée domination des êtres humains ne semble-t-elle pas… insignifiante ? Chapitre 6L’espèce faible Plus vite, plus haut, plus fort,la devise des jeux olympiques nous rappelle quel’être humain est un compétiteur né, là pour se dépasser,et dépasser les autres… Sauf qu’en réalité,il ne dépasse pas grand monde ! Il n’y a pas que le guépard qui batte aisémentles plus grands champions de sprint : le phacochère, le chameauet même une simple mouche les distancent sans effort… Au saut en hauteur alors ?Le puma bat tous les records de saut en hauteur, jusqu’àplus de 6 mètres dans les airs, sans élan, et sans perche… L’haltérophilie ?Le scarabée rhinocéros peut porter 850 fois son poids :l’équivalent d’un humain soulevant 65 tonnes… Sans entraînement… Les éléphants de mer,des mammifères comme les humains, peuvent plonger dix fois plus profondque les plus grands champions d’apnée, à plus de 2000 mètresde profondeur, et rester sous l’eau pendant deux heures sans respirer… Pour les sports de combat,ce ne serait pas mieux. Les humains les plus combatifsne tiendraient pas un round contre un gorille, un ours ou un kangourou. Sans parler des nombreuxanimaux beaucoup plus petits qui peuvent remporter l’affrontementsans même avoir à combattre. Comparés aux autres animaux,les humains ont des sens peu performants. Ils ne voient pas loin… … pas la nuit …ils sont aveugles auxultra-violets et aux infrarouges… et insensibles aux ultrasons… Ils ne détectent pas les champsélectriques, ni le champ magnétique terrestre. Au final, si l’on compareses capacités physiques à celles des autres habitants de sa planète,il n’existe pas beaucoup de catégories dans lesquelles l’humainpourrais espérer un podium aux Jeux Olympiques du vivant. Par rapport aux autres espèces,les performances des êtres humains apparaissent terriblement… insignifiantes. Chapitre 7Intelligences L’Homme n’est peut-être pasle plus grand, ni le plus fort sur Terre, mais c’est le seulà avoir développé l’intelligence. Un cerveau exceptionnelqui lui permet d’anticiper, de comprendre, d’inventer. Un cerveau qui lui confèreune supériorité indiscutable. Mais qu’est-ce quidéfinit vraiment l’intelligence ? Est-ce la capacité à résoudredes problèmes complexes ? À ce jeu-là, les corbeauxse débrouillent plutôt bien… L’utilisation d’outils alors ?Il n’y pas que les singes ou les oiseaux qui en utilisent : les poulpes, qui,en plus de leur cerveau principal, possèdent un cerveau indépendantdans chaque bras, sont capables de prouesses insoupçonnées… Le langage ?Voilà une spécificité bien humaine. En fait, non : la majorité des animauxcommuniquent de manière complexe. Les abeilles peuventexpliquer précisément où trouver quel type de fleur… en dansant ! Les Grands Singes comprennentla langue des signes et peuvent même la transmettre à d’autres. Ils ont aussi des capacités de calculmental comparables aux jeunes enfants. Même les plantes communiquententre elles : les acacias peuvent prévenir chimiquement leursvoisins lorsqu’ils se font manger. Un avertissementleur permettant de sécréter à temps des toxines dans leurs feuilles. Que reste-t-il auxhumains qui leur soit propre ? La conscience de soi ?La mémoire à long terme ? L’empathie ? Le jeu et l’humour ? Ces critères d’intelligenceont tous été observés, à maintes reprises, chez de nombreuses espèces. Des plus évidentes… …aux plus inattendues. Même la créativité del’être humain doit être relativisée… Des centaines de milliers d’annéesavant même l’apparition des humains, les fourmis avaient déjà inventél’agriculture, l’élevage, les classes sociales, le travail à la chaîneet les réseaux de communication. Si l’on y regarde de plus près,nombre des inventions humaines ne sont en fait que de pâlescopies du monde vivant qui l’entoure. Finalement, alors qu’il ne parvientmême pas à définir l’intelligence des espèces qui l’entourent,la supériorité du cerveau humain ne serait-elle pas… insignifiante ? Chapitre 8Dans la toile de la vie À mesure qu’il dompte la technologie, l’humain gagne en indépendance et s’affranchit de l’emprise de la Nature. Pourtant, l’humain pourrait-il survivre sans les autres espèces ? L’eau qu’il boit, l’air qu’il respire, sont purifiés par l’ensemble des espèces vivantes : la biodiversité. Cette biodiversité lui fournit aussi l’intégralité de ce qu’il mange. Mais aussi de nombreux matériaux qui constituent son monde… ou les principes actifs de la majorité de ses médicaments. L’Homme a industrialisé l’agriculture, mais sans les pollinisateurs, ses efforts agricoles seraient vains. Il faut dire qu’une abeille peut visiter la bagatelle d’un quart de million de fleurs en une saison. Il y a 50 mille milliards d’abeilles à miel sur Terre. L’agriculture bénéficie aussi des invertébrés et des micro-organismes du sol, qui assurent sa fertilité. Un gramme de terre contient près d’un milliard de bactéries, réparties en 10 à 100 mille espèces différentes, dont la grande majorité est toujours inconnue de l’humain. Si l’on mettait bout à bout l’ADN de toutes ces bactéries, cela nous mènerait jusqu’aux confins de l’univers. Une biodiversité d’une richesse infinie… Chaque espèce se développe en interaction permanente avec d’autres espèces. Qu’une espèce disparaisse, et les liens restants contribueront à compenser cette absence. Que des milliers d’espèces disparaissent en même temps, et la toile du vivant se trouvera grandement fragilisée, risquant l’effondrement. De par sa nature biologique, l’humanité reste entièrement dépendante du tissu vivant de sa planète, pour qui sa présence, comme sa disparition, en tant qu’espèce sont… insignifiantes. Chapitre 9Jusqu’au fond de son être Si l’Homme ne se distingue ni par sa domination, ni par ses performances, ni par son intelligence, il lui reste néanmoins une certitude indiscutable : celle de sa propre identité, inaltérable et incompromise. Mais au risque de le vexer, l’Homme représente plutôt une collection d’espèces, cohabitant dans la plus parfaite des collaborations. L’Humain fonctionne grâce à des dizaines de milliers d’êtres microscopiques, sur et dans son corps, et sans lesquelles il ne peut tout simplement pas vivre. Même propre, toute la surface de sa peau est couverte d’un tapis d’animaux microscopiques, de champignons et de bactéries, qui agissent comme un bouclier protecteur contre les infections. Et son odeur corporelle, si individuelle, si personnelle, n’est autre que celle de son mélange bactérien particulier, dans une sueur autrement inodore. Au plus profond de son être, le mélange de bactéries intestinales, est lui aussi propre à chaque personne. Mais elles ne font pas que permettre sa digestion… elles influencent également sa santé plus globalement ; comme un second cerveau, elles façonnent aussi ses comportements, ses humeurs et jusqu’à ses goûts et sa personnalité. Les microorganismes du système digestif sont extrêmement nombreux : cent mille milliards, soit 10 fois le nombre de cellules d’un corps humain. Même ses propres cellules ne sont pas aussi purement humaines qu’il ne le pense. Au fil de l’évolution, des bactéries ont été intégrées, domestiquées et naturalisées, pour finalement ne plus quitter l’intimité des cellules humaines, et devenir essentielles à leur fonctionnement. Et même à l’échelle la plus intime, celle de ses propres chromosomes, l’intégrité de cette humanité est remise en question. Depuis la nuit des temps, l’Homme a régulièrement incorporé dans son génome des centaines de gènes étrangers… Au total, il s’agit de plus de 100 000 fragments de virus, soit 10% de l’ensemble du génome humain ! Finalement, l’humanité dans son intégrité même n’est rien d’autre que le fruit d’une immémoriale collaboration inter-espèce. Dès lors, toutes les prétentions de l’Homme par rapport aux autres espèces apparaissent aussi inappropriées… qu’insignifiantes. Chapitre 10Héritage L’humain n’est pas le centre du monde. Perdu au fin fond du cosmos, il partage une planète anodine avec des millions d’autres espèces, toutes uniques et fascinantes, dont il dépend entièrement pour son bien-être et pour sa survie. Poussière dans cette immensité, l’être humain ne semble pas si exceptionnel. Et pourtant… En suivant sa propre voie, l’humain a maîtrisé les éléments, repoussé ses prédateurs, combattu la faim et la maladie, pour survivre, puis s’épanouir, et enfin conquérir. Il a inventé la philosophie, l’art, la science. Il a développé l’altruisme, changé d’échelle la portée et le volume de sa communication, de ses échanges et de sa réflexion. Il s’est imposé des valeurs, une morale, une éthique. Progressivement, il a aussi inventé la religion, le commerce, la politique… mais également la discrimination, la haine et la torture… Il a développé le consumérisme, la destruction des terres et des mers, l’exploitation des autres espèces, en même temps que de la sienne. L’Homme a réussi la prouesse de souiller les plus hauts sommets du monde, et les plus profonds océans, l’intérieur des espèces, et l’extérieur de sa planète. Chaque minute, il donne naissance à 250 bébés, et produit 4 000 tonnes de déchets. Tous les jours, il produit 240 000 voitures et annihile 400 espèces vivantes. Chaque année, il laisse mourir près de 9 millions d’enfants de moins de 5 ans, et détruit 13 millions d’hectares de forêt. L’Homme semble privilégier la croyance au savoir, l’avoir à l’être, et l’image du bonheur au bonheur lui-même. Il se pense maître de tout, mais ne se maîtrise pas. Il est la seule espèce à avoir développé la capacité de détruire son propre environnement, sans avoir développé la sagesse de ne pas le faire. L’Humain, si précoce, est encore immature, capable du meilleur comme du pire. Parviendra-t-il à l’âge de raison avant d’avoir brûlé sa propre maison ? Cette question est tout sauf… insignifiante.